Pendant les années ’70, la situation politique de l’Amérique latine a provoqué la fuite de nombreux hommes et femmes qui se sont retrouvés en Europe. Quelques-uns de ceux qui avaient été accueillis par la Belgique ont créé le Collectif latino-américain de travail psychosocial (COLAT) à visée d’entraide sociale et de soutien psychologique.

En 1986, le COLAT est devenu le Centre Exil, un Service de Santé Mentale reconnu par la Cocom (gouvernement bruxellois) et spécialisé dans le traitement des victimes de violences organisées et des victimes de torture.

Jorge Barudy, victime de la dictature chilienne et membre du COLAT, avec Franz Baro, neuropsychiatre (KULeuven), sont les fondateurs d’Exil, dont Jorge Barudy a été le directeur pendant une vingtaine d’années.

Depuis 2014, la direction est assurée par Reza Kazemzadeh, psychologue clinicien d’origine iranienne.

L’équipe d’Exil est une équipe pluridisciplinaire et multiculturelle. Notre équipe est en effet composée de psychologues, d’assistants sociaux, de médecins, de psychiatres, mais aussi de spécialistes en art-thérapie, en fasciathérapie ainsi que d’interprètes et de tuteurs.

L’enchevêtrement des problématiques (sociales, psychiques, corporelles etc.) que nous rencontrons et qui sont à l’origine de la souffrance de nos patients exige des regards différenciés, qui en même temps se complètent pour arriver à une compréhension de la situation la plus large possible.

Les travailleurs sont originaires d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie ainsi que du nord et du sud de la Belgique. Cette multiculturalité permet, métaphoriquement parlant, que ce soit « l’ensemble des cultures » qui apporte les soins nécessaires pour rebondir dans la vie. En d’autres mots, cette multiculturalité interne nous oblige, au sein même de l’institution, au dialogue interculturel et à la négociation interculturelle.

L’institution est organisée en deux équipes en fonction de la population avec laquelle nous travaillons : l’équipe enfants-adolescents et l’équipe adulte.

Elle offre des soins individuels, en couple et en famille. Outre les interventions de soins en consultation, nous proposons des interventions communautaires, c’est-à-dire des interventions en groupe qui favorisent le tissage de liens, le soutien entre pairs et le développement d’espaces ludiques et de plaisir. 

La population de ces dernières années nous vient principalement d’Asie et d’Afrique, mais nous accueillons également des personnes originaires d’Europe de l’Est et d’Amérique latine.  En 2016, la majorité de nos patients provenaient de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan.

La souffrance de nos patients se situe au carrefour de trois problématiques : le déracinement, le traumatisme et l’exclusion sociale, auxquelles s’ajoute une confrontation interculturelle constante qui met à l’épreuve les repères culturels dont ils ont besoin pour décoder le monde qui les entoure.